Du 22 au 24 octobre 2021
Diep~Haven 2021
festival d’idées et de création contemporaine
Rencontres, débats, projections, lectures, ateliers
D.S.N., Scène Nationale de Dieppe
Criée de Dieppe (Port de Dieppe)
Direction : Aliocha Imhoff & Kantuta Quiros
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Vendredi 22 octobre 2021
Soirée d’ouverture
Avec les interventions de Arno Bertina, écrivain, James Noël, poète, Sophie Wahnich, historienne.
Et la projection de Children of Unquiet de Mikhail Karikis (2013-2014, 15 min)
Samedi 23 octobre 2021
Avec microsillons, Marianne Guarino-Huet & Olivier Desvoignes, artistes, Frank Smith, artiste et poète, Léna Balaud, philosophe et ingénieur agronome, Diego Landivar, économiste, Yann Moulier-Boutang, philosophe et économiste, Eric Lecerf, philosophe, Bertrand Ogilvie, philosophe, Romain Bertrand, historien. Et en distanciel, Alexander Neumann, sociologue, Silvana Rabinovich, philosophe, Frédéric Rambeau, philosophe.
Dimanche 24 octobre 2021
Avec Ludivine Bantigny, historienne, Alexandre Gefen, théoricien de la littérature, Noémi Lefebvre, écrivaine, poète
Exposition vidéo
du 22 au 24 octobre 2021
Exposition vidéo
du 22 au 24 octobre 2021
dans le cadre du Festival Diep~haven 2021
festival d’idées et de création contemporaine
Edition 2021 « Atlas des bifurcations »
où:
D.S.N. – Dieppe Scène Nationale, Normandie
Studio de danse
quand : L’exposition vidéo est ouverte pendant toute la durée du festival, en parallèle des ateliers, conférences, performances, lectures.
Elle a cependant des horaires spécifiques : elle sera ouverte de 18H30 à 21h vendredi 22 octobre 2021 ; de 10h à 18h samedi 23 octobre et de 10h à 12h et 14h à 18h dimanche 24 octobre.
Avec les oeuvres vidéos de Ursula Biemann, Marwa Arsanios, Pauline Julier, Mikhail Karikis, Jumana Manna, Alexander Hick, Malena Szlam.
« L’urgence première de notre temps, l’urgence écologique, semble tout emporter avec elle. Félix Guattari nous l’annonçait déjà en 1989, lorsqu’il écrivait que l’écologie environnementale ne faisait qu’amorcer et préfigurer une écologie généralisée. Les philosophes aujourd’hui nous le disent à l’unisson autrement, quand l’Evènement Anthropocène – cette ère où l’humanité désormais digère la Terre – emporte avec lui toute distinction possible entre culture et nature. Le philosophe français Bruno Latour imaginait (2001) la manière dont les océans, les sols, les forets, les animaux pourraient rejoindre les parlements où des représentants seraient en charges de représenter la « voix » des « non-humains ». Si ces réflexions ont rencontré un très vif succès, renforcées depuis lors par l’urgence des questions écologiques contemporaines, de nombreuses propositions artistiques ont parallèlement réfléchi aux manières de faire entendre ceux qui, littéralement ne parlent pas, ou plutôt ceux qui « conjugent les verbes en silence » ainsi que le disait un grand poète contemporain, Jean-Christophe Bailly. Nous présentons à D.S.N. une exposition en lien avec ces enjeux. » Aliocha Imhoff & Kantuta Quirós
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Thinking Like a Mountain de Alexander Hick, film, 93 min, 2018.
« Sur les pentes montagneuses de la Sierra Nevada de Santa Marta, au Nord de la Colombie, une communauté indigène lutte. Les Arhuacos sont les gardiens de la forêt et des sommets de roche et de glace, comme du fragile équilibre naturel de leur environnement. Depuis des décennies, le petit groupe se bat pour préserver son mode de vie traditionnel menacé par le conflit armé colombien, l’exploitation minière dans les Andes, ou encore les changements climatiques qui modifient leur territoire. De cette nature, ils puisent cependant une spiritualité préservée et singulière, dont Alexander Hick s’inspire pour le montage de son film. Il construit une circulation propre à l’univers de ces hommes vêtus de blanc dans un double mouvement. C’est un voyage dans l’espace et dans le temps : des rives du Pacifique aux étoiles qui éclairent les nuits des glaciers, de la rencontre avec les premiers blancs, colonisateurs, aux retours des guerriers suite au dépôt des armes par les FARC. Une petite cosmogonie propre à ce territoire se dessine au fur et à mesure du film et on s’y laisse volontiers guider. » (Madeline Robert – Visions du Réel)
Alexander Hick a étudié les Beaux Arts de Munich (ADBK) et Barcelone (LAMASSANA) et les films documentaires à Munich (HFF) et Mexico (CCC). Il est guide de montagne et a cofondé Flip- ping the coin, un collectif d’artistes basé à Berlin. Ses films et installations multimédias ont été diffusés et récompensés dans des festivals de films et des musée.
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Who is Afraid of Ideology ? de Marwa Arsanios, 2020
En préambule, face caméra, debout sur une piste rocailleuse, la réalisatrice Marwa Arsanios s’interroge : que signifie faire partie d’un lieu ? que veut dire « être ici » ? que délimite le terme « nature » ? qu’est-ce qu’un « nous » implique-t-il ? Résonne la question de la réappropriation des terres, des moyens de production, de subsistance, qui engagent la fabrication d’un paysage différent. Trois stratégies éco-féministes à l’œuvre, qui ouvrent à l’auto-gouvernance, à la constitution et à la transmission de savoirs. Trois expériences fragiles mais extrêmement précieuses, à l’image de ces pages d’herbiers aux plantes, à la fois cueillies et dessinées, qui tressent dans le film des façons de manifestes muets et flagrants. (N.F.).
Marwa Arsanios est une artiste, cinéaste et chercheuse dont le travail prend la forme d’installation, de performance et de film. Dans ses oeuvres, elle reconsidère le développement politique de la seconde moitié du XXème siècle à partir d’une perspective contemporaine, s’intéressant particulièrement aux relations de genre, au collectivisme, aux questions d’urbanisme et d’industrialisation. Son travail de recherche inclut de nombreuses disciplines et se déploie notamment au sein de projets collaboratifs. Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées dans des institutions internationales telles que Beirut Art Center (2017), Hammer Museum, Los Angeles (2016), Witte de With, Rotterdam (2016), Kunsthalle Lissabon, Lisbon (2015) et Art in General, New York (2015). Elle a reçu le Prix Georges de Beauregard International au FID Marseille (2019), le Special Prize of the Pinchuk Future Generation Art Prize (2012) et a été nominée au Paulo Cunha e Silva Art Prize (2017) ainsi qu’au Han Nefkens Foundation award (2014). Elle est co-fondatrice du projet 98weeks Research Project. Son travail fait partie de collections internationales telles que le Walker Art Center, Minneapolis; SF MoMA, San Francisco; Barjeel Art Foundation, Sharjah; Lewben Art Foundation, Vilnius; Kadist, Paris; CNAP, Paris; Sharjah Art Foundation, Sharjah.
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Ursula Biemann, Acoustic Ocean, vidéo, 2018
Avec une approche de chercheuse, l’artiste Ursula Biemann (1955, Zurich) imagine des essais sous forme de vidéos et de textes qui explorent le lien entre la politique et l’environnement. Son dernier film, Acoustic Ocean, est une expédition dans les profondeurs de l’océan Arctique à la recherche de communications interespèces. Dans cette narration semi-fictionnelle, l’aquanaute — interprétée par la chanteuse et activiste du peuple des Samis Sofia Jannok — tente de capter les sons d’animaux et de micro créatures. Se mêlent ainsi dans le récit la mémoire de cette vie stockée dans l’eau et la perspective d’un futur climatique incertain.
Ursula Biemann est une artiste, auteure et documentariste basée à Zurich, en Suisse. Sa pratique artistique est fortement orientée vers la recherche et implique un travail de terrain dans des endroits reculés où elle étudie le changement climatique et les écologies du pétrole et de l’eau, comme dans les récents projets Deep Weather (2013) Forest Law (2014) et Acoustic Ocean (2018). Biemann a eu de vastes expositions personnelles au MAMAC de Nice, au Broad Art Museum du Michigan, au BAK d’Utrecht, au Neuer Berliner Kunstverein, au Bildmuseet d’Umea, au Lentos Museum de Linz et au Helmhaus de Zurich. Ses installations vidéo sont exposées dans le monde entier dans des musées et lors de biennales d’art internationales à Liverpool, Sharjah, Shanghai, Séville, Taipei, Istanbul, Montréal, Venise et Sao Paulo. Depuis 2018, elle participe à la co-création d’une université indigène en Amazonie colombienne et a publié en 2021 la monographie en ligne Becoming Earth sur ses vidéos et écrits écologiques (becomingearth.unal.edu.co). Biemann est titulaire d’un BFA de la School of Visual Arts et a étudié au Whitney Independent Study Program à New York. Elle a reçu un doctorat honoris causa en sciences humaines de l’université suédoise d’Umea et le prix Meret Oppenheim, le grand prix suisse d’art contemporain. www.geobodies.org
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Jumana Manna, Wild Relatives, vidéo en boucle, 80 min, 2017
Dans son travail récent, Jumana Manna utilise la vidéo et la sculpture comme les supports d’une réorganisation de l’archive relative à l’histoire des pays du Proche-Orient et de l’Europe du Nord – qu’elle envisage comme des entités géographiques distinctes mais néanmoins liées. L’exploration porte ainsi sur la façon dont les formes de pouvoir – économiques, politiques, interpersonnelles – conditionnent aussi bien l’architecture que la vie humaine et végétale. Jumana Manna s’intéresse en particulier aux non-dits qui accompagnent les pratiques scientifiques actuelles de préservation ; son travail questionne ainsi les constructions binaires qui renvoient dos à dos un héritage pur et immuable et l’emprise de l’innovation. Dans Wild Relatives [Parentés sauvages], Jumana Manna traque les rapports de hiérarchie et de pouvoir qui accompagnent une transaction de semences entre la ville de Longyearbyen, dans l’archipel arctique du Svalbard (Norvège) et la plaine libanaise de la Bekaa. Le film suit le voyage des semences, retrace le parcours de ces formes de vie à mesure qu’elles sont extraites du sol et transplantées ailleurs, passant du sol aride au permafrost et vice-versa.
L’artiste palestinienne Jumana Manna (née en 1987, New Jersey, vit et travaille à Berlin et Jérusalem) est diplômée du CalArts ainsi que de l’Académie nationale des beaux-arts d’Oslo et de l’Académie des beaux-arts et de design Bezalel à Jérusalem. À travers ses films et ses sculptures, l’artiste interroge les façons dont le social, le politique et les relations de pouvoir interpersonnelles interagissent avec le corps humain. Ses films mêlent faits et fiction, détails biographiques et documents d’archives pour explorer la construction de récits historiques et nationaux. Ses sculptures, plus abstraites, se penchent sur les calcifications de la mémoire, représentée par des objets réels ou fabriqués. Elle a participé à de nombreux festivals et expositions, dont le BAFICI, IFFR Rotterdam, Tate Modern, Marrakech Biennale 6, et le pavillon des pays nordiques de la 57e Biennale de Venise. Jumana Manna est lauréate du A.M. Qattan Foundation’s Young Palestinian Artist Award (2012) et de l’Ars Viva Prize for Visual Arts (2017). Elle a été nominée au Preis der Nationalgalerie für junge Kunst à Berlin.
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Naturales Historiae de Pauline Julier, Film, 56′, 2019
Avec Bruno Latour, Philippe Descola et Jun Wang. À travers différentes histoires naturelles tournées entre la Chine, la France et l’Italie, Naturalis Historia interroge nos manières de penser et représenter la Nature. Chaque chapitre explore une situation d’êtres humains aux prises avec la Nature et ses images, qui révèle leurs obsessions et ébranle nos certitudes. « Le film s’amorce par une éruption volcanique qui aurait bloqué la réalisatrice, Pauline Julier, dans une ville étrangère, au milieu d’inconnus. Ceux-ci évoquent tour à tour des légendes sur la formation des continents, l’éclosion des plaques tectoniques ou l’explosion de cendres qui auraient provoqué des étés sans soleil. À partir de cet événement, Julier décide de remettre en question le concept, aussi vaste qu’épineux, de la représentation de la nature. Séparé par différents axes thématiques tels que le paysage, la notion du sublime, la conquête spatiale, ou même la supercherie autour des catastrophes naturelles, le film retrace avec subtilité une histoire critique de la nature. Allant des notions mythologiques d’un monde dominé par les forces naturelles, au paradigme de l’Anthropocène dans lequel on se trouverait aujourd’hui, Naturales Historiae n’aborde pas la nature comme une notion universelle et objective, mais comme une pure construction discursive, une fiction. En l’absence de certitude, la nature ne serait alors peut-être que l’incompréhensible, l’indompté ; tout ce que l’on ne pourrait jamais enfermer dans le cadre d’un paysage. » Elena López Riera.
Pauline Julier est artiste et réalisatrice. Elle explore les liens que les humains créent avec leur environnement à travers des histoires, des rituels, des connaissances et des images. Ses films et installations sont composés d’éléments d’origines diverses (documentaire, théorique, fictionnel) pour restituer la complexité de notre rapport au monde. « Comment transmettre la culture d’une génération à l’autre ? Comment s’orienter dans le temps et l’espace ? Ce n’est jamais une tâche facile. Surtout pour ceux qui se disaient « modernes » ou « post-modernes », parce qu’ils ont toujours une relation difficile avec la tradition et l’héritage. Ne sont-ils pas censés rompre avec la tradition, afin de se libérer du poids du passé ? Mais se libérer pour quoi ? Pauline Julier met en scène comment chaque génération doit se poser à nouveau une telle question. » Bruno Latour, Réinitialiser la modernité ! Exposition au ZKM de Karlsruhe, 2016. Les installations et films de Pauline Julier de ont été projetés dans des centres d’art contemporain, des institutions et des festivals du monde entier, notamment au Centre Pompidou (Paris), au Loop (Barcelone), à Visions du Réel (Nyon), au Tokyo Wonder Site (Tokyo), au Musée d’art moderne de Tanzanie, au Geneva Art Center, au Palazzo Grassi (Venise), à New York, Madrid, Berlin, Zagreb, à la Cinémathèque de Toronto et au Pera Museum d’Istanbul. Pauline Julier a reçu le Prix fédéral d’art en 2010 et a présenté une exposition personnelle au Centre Culturel Suisse à Paris (CCS) en 2017. Elle a effectué une résidence d’un an à Rome l’année dernière à l’Istituto Svizzero et elle est l’artiste associée du Grand Théâtre de Genève.
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Altiplano de Malena Szlam, 2018, 15 min
« Altiplano s’est avéré être l’une des œuvres les plus emblématiques de 2018. Un film artisanal complexe qui nous jette un sort et nous plonge dans un paysage de valeur et de résonance historique, écologique et politique. Dans la région de l’Altiplano, le désert d’Atacama, jadis au bout du Chemin Inca, témoigne de la dynamique d’une époque perdue. Les vestiges de ce paysage hallucinant catalysent l’histoire d’une Amérique disparue ou sur le point de disparaître. L’auteure crée une proposition esthétique unique qui réinvente la représentation du paysage, le transformant en une présence psychédélique, révélatrice et mystique, poussant le spectateur à rencontrer des énigmes de temps et de mémoire. » — Laura Huertas, Eve Heller, Rocío Mesa
Tourné dans les Andes sur les terres traditionnelles de l’Atacameño, de l’Aymara et de Calchaquí-Diaguita dans le nord du Chili et le nord-ouest de l’Argentine, Altiplano se déroule dans un univers géologique de salars ancestraux, de déserts volcaniques et de lacs colorés. Fusionnant la terre avec le ciel, le jour avec la nuit, le rythme cardiaque avec la montagne et les minéraux avec des nuages irisés, Altiplano révèle un paysage vibrant dans lequel un soleil bleu vif menace à jamais d’éclipser une lune rouge de sang. Accouplé à un paysage sonore généré à partir d’enregistrements d’infrasons de volcans, de geysers, de baleines bleus chiliennes, entre autres. Altiplano crée des rythmes visuels évocateurs à travers le choc des couleurs et des formes. Les paysages vibrent et bégayent, se transmutant en espaces qui s’étalent sur une multitude de temporalités simultanés. Situé au cœur d’un écosystème naturel menacé par l’exploitation géothermique récente ainsi qu’un siècle de pratiques minières de salpêtre et de nitrate, Altiplano dévoile une terre ancienne témoin de tout ce qui est, a été et sera.
Malena Szlam est une artiste et cinéaste chilienne établie à Tiohtià:ke/Montréal. À travers le cinéma, la performance et l’installation, elle s’intéresse aux relations entre la pratique cinématographique, la notion d’embodiment, la temporalité et la perception. Par une attention portée sur les propriétés affectives de procédés analogiques de l’image en mouvement, le travail de Szlam donne forme à des approximations cinétiques et lyriques du monde naturel. Ses œuvres d’art ont été présentés dans le cadre de festivals reconnus, dont Wavelengths au Toronto International Film Festival (TIFF), au New Directors/New Films présenté au MoMA et au Lincoln Center, au Media City Film Festival, au International Film Festival Rotterdam, au Edinburgh International Festival, ainsi qu’au CPH:DOX. Son plus récent film, ALTIPLANO, a remporté plusieurs prix, dont le 25 FPS Grand Prix, le Melbourne International Film Festival’s Best Experimental Short Film, et le Canada’s Top Ten 2018 du TIFF. Ses plus récentes expositions collectives incluent « Time Machine », au Palazzo del Governatore (Italie); « Expanded Plus: Utopian Phantom », au Factory of Contemporary Arts Palbok (Corée du Sud); et « The Moon: From Inner Worlds to Outer Space », au Louisiana Museum of Modern Art (Danemark). Elle est membre du collectif artistique Double Negative, voué à la production et à la présentation du cinéma expérimental.