diep/ festival de la côte d’albâtre — le modernisme, 2011
Commissaires : Philippe Terrier Hermann, Alice Schÿler Mallet
En 2010, la première édition du Diep Festival de la Côte d’Albâtre était dédiée à l’impressionnisme, s’intégrant logiquement à la programmation de Normandie Impressionniste. On s’était concentrés sur l’héritage des Impressionnistes, tant à travers l’histoire et le patrimoine de la région dieppoise que chez les artistes contemporains exposés. L’intêret des impressionnistes pour le territoire normand nous avait amené à concevoir l’exposition comme une promenade, un parcours entre ville et campagne.
Pour la prochaine édition, à l’été 2011, notre choix s’est porté sur une autre période clé de l’histoire de la région dieppoise: la modernité. Cette thématique implique une implantation dans le territoire urbain, à travers les différents quartiers de l’agglomération dieppoise, puisque le début du siècle s’est caractérisé par un renouvellement urbain mené par des architectes innovants, largement représentés à Dieppe et dans ses alentours.
En effet, le choix de cette thématique a trouvé sa source dans la richesse du patrimoine architectural moderne dieppois, tant dans les constructions publiques que privées: Groupe scolaire Georges Thurin de Arques-la-Bataille et Jules Ferry de Janval, Eglise de Janval, Villa Perrotte à Dieppe, autant de lieux qu’il s’agit pour nous de mettre en lumière.
Nous nous intéressons à la modernité pour son apport en terme de progrès social et pour sa portée utopique. En effet, ce mouvement dont l’architecture constitue l’expression la plus tangible, est avant tout un projet social, porteur d’une vision de la société dans son ensemble, dont l’architecture est un point d’ancrage. La volonté de progrès liée à la conception de l’espace urbain qui se développe à cette période était fondée sur des idéaux humanistes propres à transformer la société dans son ensemble. En concevant ainsi l’espace dans une visée fonctionnaliste, les modernes n’étaient pas simplement rationnels, et encore moins utilitaristes, mais défendaient des principes d’hygiène, de développement social, d’espaces de bien-être dont l’esthètique se faisait le vecteur. Tout particulièrement, les Groupes scolaires construits à cette période constituent les lieux de la diffusion du modèle moderne et du progrès pour tous.
Aujourd’hui, il nous semble opportun de questionner l’actualité de ces notions, de s’interroger sur la place des utopies dans un monde qui a tendance à ne plus regarder vers l’avenir et qui se méfie des idéaux, voire les rejètte, depuis qu’on a proclamé leur chute. Pourtant, l’utopie apparait à nos yeux comme un moteur fondamental pour vivre ensemble, comme un fondement de la société.
De la même manière qu’avec l’Impressionnisme, notre ambition est de mettre en relief l’héritage des modernes et d’inviter des créateurs de divers horizons (tant disciplinaires que géographiques) à composer des oeuvres qui questionnent cette idéologie dite moderne et paradoxalement passée, en relation avec des problématiques actuelles. Il s’agira donc à la fois d’actualiser et de réinterpréter cette pensée.
Avec : Fabrice Bertran, Jean-Paul Berrenger, Rada Boukova, Jochen Dehn, Thomas Fontaine, Jordan Geiger, Ingrid Hochschorner, Alice Shÿler Mallet, Adriana Nascimento, Eric Stephany, Rebecca Sakoun, Florian Göttke, Maxime Brygo, Valérie Jouve, Olivier Mériel, Philippe Terrier-Hermann, Gabriele Basilico, John Davies, Tom Evans, Charles Fréger, Karin Apollonia Müller, Silvana Reggiardo, Simon Willems, Francis Alÿs, Silvia Bächli, Jean-Marc Bustamante, Claude Closky, Stephen Craig, Tacita Dean, Philip-Lorca Dicorcia, Hans-Peter Feldmann, Louise Guay, Marc Hamandjian, Éric Hattan, Valérie Jouve, Jean-Michel Lerat, Claude Lévêque, Yveline Loiseur, Maude Maris, Rémy Marlot, Raphaël Maze, Jonathan Monk, Karin Apollonia Müller, Paulette Phillips, Tobias Rehberger, Annelies Štrba, Maroussia Rebecq & Clémence Seilles pour Andrea Crews, Neil Beloufa & son équipe, Louidgi Beltrame, Elfi Turpin & Co, Florence Doléac & David De Tscharner, Éli Serres & Antoine Monnet, Marti Folio & Éric-Pascal Legris